JMJ, les ressorts du succès
En voyant comment la culture de la réjouissance collective a pénétré dans une Église que d’aucuns peuvent préférer austère, contemplative ou servante, on pourra toujours soupirer.
L’empire de l’« Homo festivus », découvert naguère par Philippe Murray, s’est définitivement étendu à la sphère catholique. Tout le génie de Jean Paul II fut de comprendre le parti qu’il pouvait tirer de la société du spectacle, au lieu de la combattre. Karol Wojtyła saisit tout cela d’emblée dès le début des années 1980. Alors, en homme attentif aux signes du temps, il décida de créer le plus grand show possible, directement à l’échelle nouvelle de la mondialisation des transports, des idées et des émotions. Et, en homme de théâtre, il s’y attribua le premier rôle. On connaît la suite, cet incontestable et durable succès qui vole de Manille à Paris et de Madrid à Rio où doit triompher la révélation de l’année – j’ai nommé le pape François.
Festivité, identité, vérité. C’est le trépied sur lequel tiennent les Journées mondiales de la jeunesse. Car les JMJ nourrissent une ambition forte, elles ont un propos qui les distingue d’autres rendez-vous collectifs et un contenu qui assure leur pérennité. Il s’agit de soutenir et de renforcer l’appartenance catholique au moment où celle-ci se trouve menacée, d’un côté, par la sécularisation grandissante des sociétés développées et, de l’autre, par la concurrence agissante des mouvements pentecôtistes. Cette quête d’identité passe depuis le début par l’affirmation de ce que Jean Paul II appela, d’une manière âprement controversée, la « splendeur de la vérité », avant que Benoît XVI ne reprenne le flambeau en dénonçant maintes fois la « dictature du relativisme ». Les papes espèrent ainsi combler le vide laissé par l’effondrement de l’imaginaire politique et par l’épuisement de l’idéal consumériste.
Contrairement à ce que l’on a beaucoup affirmé, il est probable que l’attractivité des JMJ ne se comprenne pas « malgré » le discours que les papes y tiennent et qu’il conviendrait d’écouter d’une oreille distraite. Au contraire, tout porte à croire que c’est « grâce » à la clarté du message que cela fonctionne. D’où, jusqu’ici, l’insistance sur la foi et sur son contenu, l’appel à la responsabilité, à l’engagement et à la fidélité et, bien sûr, l’invitation pressante à la rencontre personnelle avec le Christ.
Mais si, en trois décennies, les JMJ sont devenues incontournables, si elles ont résisté aux multiples crises de l’Église catholique, à l’encombrante succession de Jean Paul II et à la difficile transition de Benoît XVI, c’est aussi et surtout qu’elles sont devenues un événement initiatique. Pour beaucoup de jeunes, elles marquent désormais le point de passage obligé d’une foi reçue à une foi choisie. En ce sens, elles constituent quasiment un nouveau sacrement, qui tient de la -communion collective et de la confirmation personnelle. Un rite de passage à l’âge adulte, avec ce que cela comprend en terme de vocation et d’affirmation de soi.
L’aspect initiatique est évidemment pensé et encouragé comme tel par une institution qui a bien compris que la transmission ne passe plus que très marginalement par les canaux traditionnels. Le tour de force consistera ensuite à transformer un événement initiatique en projet missionnaire, comme le résume le verset évangélique qui sert de mot d’ordre à cette édition de Rio :« Allez, et de toutes les nations faites des disciples. » Plus que jamais, les JMJ sont l’école des cadres du catholicisme attestataire.
Source : La Vie 25/07/13
Jean-Paul 2 aux jeunes
On a beaucoup dit sur la relation de Jean-Paul II aux jeunes. Si le charisme personnel du Pape polonais a compté, c’est aussi et avant tout la clarté et la profondeur de son discours qui explique la qualité de la relation nouée au fil des ans entre les jeunes et lui.
Le site web du Vatican met à disposition ces textes en intégralité et en français : audiences, angélus, messages, lettres, homélies, discours… prononcés à Rome où lors des voyages apostoliques du Saint Père à travers le monde. En survolant cet immense corpus, des lignes de force apparaissent. Et en tout premier lieu, le cœur du discours de Jean-Paul II est l’exhortation à faire la rencontre personnelle du Christ : l’adhésion au Christ, et le choix de la sainteté, constituent le message essentiel et inlassablement répété du Saint Père. Tout le reste découle de cette expérience, à commencer par l’invitation à une vie chrétienne nourrie et fortifiée par la fréquentation des sacrements, notamment l’Eucharistie et la Réconciliation. Le Pape est aussi revenu souvent sur l’exigence extrême de l’Évangile et la contradiction radicale entre le choix de la Croix et l’environnement dans lequel vivent de nombreux jeunes.
Pour tenir ferme dans la Foi devant ces tensions, Jean-Paul II, qui fut longtemps professeur, s’est toujours montré sensible à l’importance des choix de vie au moment de la jeunesse, et la nécessité d’une formation spirituelle et intellectuelle de haut niveau. Cette formation complète de la personne est indispensable pour faire face aux grands défis auxquels les jeunes sont et seront affrontés, dans le domaine de la mission évangélique d’une part, pour faire connaître le Christ à tous leurs contemporains, et de l’engagement dans la société d’autre part, pour construire un monde plus juste et une société faisant droit aux plus faibles. Le Pape s’est en particulier montré soucieux de la construction d’une Europe fidèle à ses racines.
1. L’adhésion au Christ et la sainteté
« Je vous demande, chers jeunes frères et sœurs, de contempler cette croix, de vous approcher tout près d’elle, afin que vous puissiez reconnaître avec quel amour merveilleux le Seigneur nous a aimés et vous transmet avec joie son œuvre de renouveau des cœurs ! » (Angélus – XVIII Journée Mondiale de la Jeunesse, dimanche des Rameaux, 13 avril 2003)
« Les Béatitudes représentent la magna carta de ceux qui veulent introduire dans le monde une nouvelle civilisation. Les jeunes l’ont compris et sont repartis du Canada décidés à placer leur confiance dans le Christ, car ils savent qu’il « a les paroles de vie éternelle » (cf. Jn 6, 68). Un monde sans référence au Christ – tel est le message de Toronto – est un monde qui, tôt ou tard, finit par être contre l’homme. L’histoire du passé récent le montre également. On ne rejette pas Dieu sans finir par rejeter l’homme. » (Angelus, 4 août 2002)
« Chers amis, à votre envie de jeunes désirant être heureux, le vieux Pape, chargé d’années mais encore jeune de cœur, répond par une parole qui n’est pas la sienne. C’est une parole qui a résonné il y a deux mille ans. Nous l’avons de nouveau entendue ce soir : « Heureux… ». La parole clé de l’enseignement de Jésus est une annonce de joie : « Heureux… » L’homme est fait pour le bonheur. Votre soif de bonheur est donc légitime. Le Christ a la réponse à votre attente. Il vous demande donc de lui faire confiance. La joie véritable est une conquête, qui ne s’obtient pas sans une lutte longue et difficile. Le Christ possède le secret de la victoire. (XVIIème journée mondiale de la jeunesse – Fête d’accueil des jeunes, Toronto – Exhibition Place, 25 juillet 2002)
« Chers jeunes, vous comprenez bien que l’on n’est « le sel de la terre » et « la lumière du monde » que si l’on tend à la sainteté. Comme je voudrais que ne vienne jamais à manquer dans votre vie cet idéal spirituel élevé ! L’humanité du troisième millénaire a besoin de jeunes forts dans la foi et généreux dans le service de leurs frères. Elle a besoin de jeunes aimant le Christ et son Evangile. » (Angelus, Castel Gandolfo, 19 août 2001)
« Rappelez-vous qu’il n’est pas possible d’être chrétien en refusant l’Église fondée sur Jésus Christ ; qu’il n’est pas possible de se dire croyant sans poser les gestes de la foi ; qu’il n’est pas possible de se dire hommes et femmes spirituels sans se laisser modeler par Dieu dans une écoute humble et joyeuse de son Esprit, et une disponibilité à sa volonté. (…) Avec le soutien du Christ et de son Église, vous deviendrez chaque jour davantage des hommes et des femmes libres et responsables de leur existence, qui veulent participer activement à la vie de leur Église, aux relations entre les communautés religieuses et humaines, et à la construction d’une société toujours plus juste et plus fraternelle. (…) Le Seigneur Jésus demande à ses disciples d’être des signes dans le monde ; d’être, là où ils vivent et où ils travaillent, des instruments visibles et crédibles de sa présence de salut. Ce n’est pas seulement en paroles mais surtout par un style de vie particulier, avec un cœur libre et un esprit créatif, que vous ferez découvrir aux jeunes de votre génération que le Christ est votre joie et votre bonheur. Il convient pour cela d’éviter l’écart, fréquent aujourd’hui, qui fait que la foi ne passe pas dans la vie et que la vie se passe de la foi. L’être et l’existence du chrétien doivent être unifiés autour de leur pôle central, l’adhésion à Jésus Christ. » (Pèlerinage en Grèce, en Syrie et à Malte – Rencontre avec les jeunes en la cathédrale grèque-melkite – Damas, 7 mai 2001)
« Les jeunes, avec l’enthousiasme propre à leur âge, ont répondu qu’ils entendent suivre le Christ. Ils désirent le faire car ils se sentent une partie vivante de l’Église. Ils désirent le faire en marchant ensemble, car ils se sentent Peuple de Dieu en marche. Leur fragilité ne les effraye pas, car ils comptent sur l’amour et la miséricorde du Père céleste qui les soutient dans la vie de chaque jour. Au-delà de toute race et culture, ils se sentent des frères rassemblés par une unique foi, par une unique espérance, par une même mission : enflammer le monde de l’amour de Dieu. Les jeunes ont souligné qu’en eux, il y a une exigence de sens. Ils cherchent des raisons d’espérer et ils ont faim d’authentiques expériences spirituelles. » (Audience, 23 août 2000)
« Des paroles, il en résonne beaucoup autour de vous, mais seul le Christ a des paroles qui résistent à l’usure du temps et qui demeurent pour l’éternité. La période actuelle de votre vie vous impose des choix décisifs : la spécialisation dans les études, l’orientation dans le travail, l’engagement même à assumer dans la société et dans l’Église. Il est important de se rendre compte que, parmi les nombreuses questions qui se présentent à votre esprit, celles qui sont décisives ne concernent pas le « quoi ». La question de fond est « qui » : vers « qui » aller, « qui » suivre, « à qui » confier sa vie. (…) » (Clôture des XV Journées Mondiales de la Jeunesse, 20 août 2000)
« Aujourd’hui, le Christ pose la même question à chacun de vous : m’aimes-tu ? Il ne vous demande pas de savoir parler à la foule, de savoir diriger une organisation, de savoir administrer un patrimoine. Il vous demande de l’aimer. Tout le reste viendra naturellement. En effet, placer ses pas sur ceux de Jésus ne se traduit pas immédiatement en choses à faire ou à dire, mais avant tout dans le fait d’aimer, de demeurer avec lui, de l’accueillir totalement dans sa vie. » (Messe pour les jeunes du VII Forum International, 17 août 2000)
« L’événement central de l’histoire humaine, l’avènement du Christ sur la terre, divise le cours de l’histoire en deux : avant et après le Christ. Pour les chrétiens, toutefois, la centralité de Jésus ne consiste pas seulement à mesurer l’écoulement du temps. Le Verbe incarné est le véritable protagoniste de l’histoire, et la rédemption, toujours à l’œuvre dans le flux souvent confus des événements humains, est la clef herméneutique définitive de l’histoire. » (Aux participants au congrès international « UNIV 2000 ?, 17 avril 2000)
« Chers jeunes ! Allez avec joie à la rencontre du Christ, qui rend votre jeunesse joyeuse. Cherchez-Le et rencontrez-Le à travers l’adhésion à sa parole et à sa mystérieuse présence ecclésiale et sacramentelle. Vivez avec Lui dans la fidélité à l’Évangile, exigeant, il est vrai, jusqu’au sacrifice, mais dans le même temps unique source d’espérance et de véritable bonheur. Aimez-Le dans le visage du frère qui a besoin de justice, d’aide, d’amitié et d’amour. A la veille du nouveau millénaire, votre heure est venue. Le monde contemporain vous ouvre de nouveaux sentiers et vous appelle à être des messagers de foi et de joie, comme l’expriment les rameaux d’oliviers et de palmiers que vous tenez aujourd’hui dans les mains, symbole d’un nouveau printemps de grâce, de beauté et de paix. Le Seigneur Jésus est avec vous et vous accompagne ! » (Dimanche des Rameaux, 28 mars 1999)
« Chers jeunes, savez-vous ce que le sacrement du Baptême fait de vous ? Dieu vous reconnaît comme ses enfants et transforme votre existence en une histoire d’amour avec lui. Il vous rend conformes au Christ, pour que vous puissiez réaliser votre vocation personnelle. Il est venu faire alliance avec vous et il vous offre sa paix. Vivez désormais en enfants de lumière, qui se savent réconciliés par la Croix du Sauveur ! » (Veillée baptismale avec les Jeunes – Méditation du Saint-Père, Hippodrome de Longchamp, Paris, 23 août 1997)
« Chers amis, contemplant la croix du Christ, écoutant dans le silence la parole qu’il vous adresse, découvrez ce Dieu qui fait confiance à l’homme, qui vous fait confiance et ne désespère de personne. Il vous offre sa force pour faire croître les germes de paix et de réconciliation qui sont au cœur de chacun. Les actes les plus humbles de la charité et de la fraternité témoignent de la présence de Dieu. » (Message écrit – Chemin de Croix, Paris, 22 août 1997)
« Jeunes du nouveau millénaire, faites bon usage de votre liberté ! Ne gâchez pas la grande dignité de fils de Dieu qui vous a été donnée ! Soumettez-vous uniquement au Christ, qui désire votre bien et votre joie authentique (cf. Mt 23, 8-10) ; à Lui qui désire que vous soyez des hommes et des femmes pleinement heureux et accomplis ! » (Aux jeunes en préparation de la Journée mondiale de la jeunesse, 21 mars 2002)
« Très chers jeunes, soyez saints, car le manque de sainteté est ce qui rend le monde triste ! Les saints auxquels vous vous inspirez continuent d’exercer une fascination extraordinaire, car ils ont consacré sans relâche leur existence au Christ. Et, sans le vouloir, ils ont donné origine à un style évangélique « révolutionnaire » qui continue, aujourd’hui encore, à fasciner tant de jeunes, et pas seulement les jeunes. (…) » (Aux jeunes paticipants à la IIème rencontre internationale « Jeunes vers Assise », Castel Gandolfo, 18 août 2001)
« Chers jeunes, garçons et filles, ne permettez pas que le temps que le Seigneur vous donne s’écoule comme si tout était un hasard. Saint Jean nous a dit que toute chose a été faite dans le Christ. Croyez donc fermement en lui. Il guide l’histoire des personnes comme celle de l’humanité. Bien entendu, le Christ respecte notre liberté, mais dans toutes les vicissitudes joyeuses ou amères de la vie, il ne cesse de nous demander de croire en lui, de croire en sa Parole, en la réalité de l’Église, en la vie éternelle. Vous ne devez donc jamais penser qu’à ses yeux vous êtes des inconnus, des numéros d’une foule anonyme. Chacun de vous est précieux pour le Christ, chacun est connu personnellement, est aimé tendrement, même quand il ne s’en rend pas compte. » (Jubilé des jeunes – Salut du Saint Père lors du rite de l’accueil, Place Saint-Pierre, Rome, 15 août 2000)
« Alors que beaucoup de nos contemporains sont profondément marqués par la violence, par la peur du lendemain ou par une interrogation angoissée sur le sens de la vie, les chrétiens doivent être plus que jamais des témoins ardents et vigoureux de l’espérance dont ils vivent. Que les jeunes n’aient pas peur de se laisser saisir par le Christ et de trouver dans sa parole le dynamisme qui les aidera à construire leur vie intérieure et qui les entraînera à la rencontre de leurs frères pour construire avec eux un monde nouveau fondé sur l’amour mutuel et sur le pardon ! A chacun d’eux, je dis avec force : là où vous vivez, dans vos familles, vos écoles, vos lieux de travail ou de détente, soyez toujours des serviteurs de l’Évangile de l’espérance ! Chers amis, particulièrement vous qui êtes meurtris par les blessures de la vie, soyez sûrs que le Christ est proche des cœurs simples et qu’il appelle chacun au vrai bonheur ; proclamez par votre existence qu’il est grand de se savoir aimé et reconnu pour soi-même et que toute personne est toujours un frère, une sœur, à accueillir et à aimer ! » (A Frère Roger de la communauté de Taizé, 30 novembre 1999)
Marie
« Accueillir Marie dans sa propre maison, dans sa propre existence, est le privilège de chaque fidèle. Cela l’est surtout dans les moments difficiles, comme le sont également ceux que vous aussi, chers jeunes, vivez parfois en cette période de votre vie. Je me rappelle que, pour moi, ce moment fut lorsque j’étais jeune et que je travaillais dans une usine chimique, j’ai trouvé ces paroles : Totus Tuus. Et avec la force de ces paroles j’ai pu cheminer à travers la terrible guerre, la terrible occupation allemande puis également à travers les autres expériences difficiles d’après-guerre. La possibilité d’accueillir Marie dans notre propre maison, dans notre propre existence, est offerte à chacun de nous.
Aujourd’hui, pour cette raison, je veux vous confier à Marie. Très chers amis, je vous le dis par expérience, ouvrez-Lui les portes de votre existence ! N’ayez pas peur d’ouvrir grand les portes de votre coeur au Christ, à travers Celle qui veut vous conduire à Lui, afin que vous soyez sauvés du péché et de la mort ! Elle vous aidera à écouter sa voix et à dire oui à chaque projet que Dieu a pour vous, pour votre bien et pour celui de l’humanité tout entière. » (Aux jeunes de Rome et du Latium en préparation à la XVIIIe Journée mondiale de la jeunesse, 10 avril 2003)
L’humanisme chrétien
« À travers votre vie, faites comprendre que la lumière qui vient d’en-Haut ne détruit pas ce qui est humain ; mais au contraire qu’elle l’exalte, comme le soleil qui, grâce à sa splendeur, met en évidence les formes et les couleurs. Dieu n’est pas le concurrent de l’homme, mais l’ami véritable, son allié le plus fidèle. Ce message doit être transmis à la vitesse de la lumière ! Ne perdez pas de temps : votre jeunesse est trop précieuse pour être gâchée, ne serait-ce que de façon minime. Dieu a besoin de vous et il vous appelle chacun par votre nom. » (Discours du pape Jean-Paul II lors de sa rencontre avec les jeunes, 5 mai 2002)
« Certains pensent qu’adhérer au Christ signifie faire du tort à sa propre humanité, en diminuant sa valeur. Rien de plus faux ! Au contraire, comme je l’ai remarqué à Tor Vergata « en disant « oui » au Christ, vous dites « oui » à chacun de vos plus nobles idéaux » (n. 6). Certes, choisir Jésus signifie renoncer au péché, mais le péché n’est pas la réalisation de la nature humaine ; c’est un appauvrissement de celle-ci ! Dieu ne nous a pas faits pour le mal, mais pour le bien, la vérité et la beauté, c’est-à-dire pour Lui, notre Créateur et notre Père. Comme l’écrivait saint Augustin : « Tu nous a faits pour toi et notre cœur n’aura de paix que lorsqu’il reposera en toi » » (Aux jeunes de Sicile, à l’occasion du pèlerinage jubilaire au sanctuaire de la Madone des Larmes à Syracuse, 18 octobre 2000)
« Mais l’humanisme authentique ne rend pas l’homme étranger ou antagoniste à Dieu. Au contraire, en s’ouvrant au mystère divin, le véritable humaniste trouve l’espace de sa propre liberté, l’élan d’une recherche qui a pour limites le vrai, le beau et le bien, les traits d’une irremplaçable valeur de formation au service d’un progrès culturel authentique. (…) « Heureux l’homme qui médite sur la sagesse ». L’auteur saint indique la sagesse et l’intelligence comme dons de Dieu et conquêtes constantes de l’homme. Le vaste domaine de la culture est un terrain fécond de confrontation, d’attention à la personne et aux exigences du bien commun. Il s’agit d’un terrain d’exercice de l’action missionnaire et évangélisatrice. » (Discours du pape Jean-Paul II aux enseignants, étudiants et personnel de l’université Tor Vergata de Rome, 29 avril 1999)
2. La vie chrétienne
« Sur le plan psychologique, le retour à la vie ordinaire n’est pas toujours facile, il peut même comporter des difficultés d’adaptation aux engagements quotidiens. C’est pourtant dans la « vie de tous les jours » que Dieu nous appelle à atteindre la maturité de la vie spirituelle, qui consiste précisément à vivre de façon extraordinaire les choses ordinaires. » (Angelus, Castel Gandolfo, 1er septembre 2002)
« Tirez votre force de la grâce sacramentelle de l’Eucharistie, qui vous permettra de demeurer solidement ancrés à la volonté de Dieu. La dévotion eucharistique doit modeler toute votre vie, orienter vos choix, vous inspirer des idéaux de solidarité et vous aider à vivre en communion avec vos frères, à commencer par ceux qui vivent à vos côtés, pour parvenir ensuite à embrasser en esprit chaque être humain. » (Aux participants au meeting national du mouvement des jeunes de Dom Guanella, 29 avril 2002)
« Osez prendre du temps pour contempler, dans le secret de la prière, le visage de Celui qui a donné sa vie pour ses amis et qui vous invite à faire de même ! Accueillez cette vie que le Christ vous offre en plénitude dans les sacrements de l’Eucharistie et de la Réconciliation ! Alors, vous serez heureux d’être les témoins du Seigneur qui est le Chemin, la Vérité et la Vie. La lumière du Ressuscité vous aidera à rouler les lourdes pierres de l’égoïsme, de la violence, du plaisir facile et du désespoir, qui trop souvent ferment le cœur de tant de jeunes, ne favorisant pas la construction stable de leur être intérieur ni un authentique engagement pour la promotion de la paix, de la justice et de la solidarité. » (Aux jeunes de l’Archidiocèse de Rouen, 6 avril 2002)
« Comment ne pas nous sentir invités à réfléchir sur l’immense potentiel humain de paix, de concorde et de fraternité, qu’une vie chrétienne cohérente, désireuse de rencontrer personnellement le Christ dans la prière et l’engagement de charité fraternelle, peut projeter sur la transformation du monde ? Après une analyse plus approfondie, la solidarité chrétienne se révèle, plus qu’une vertu en elle-même, une attitude spirituelle dans laquelle convergent diverses vertus et, de manière particulière, la justice et la charité. La justice peut réduire les différences, éliminer les discriminations, assurer les conditions du respect de la dignité de la personne. La justice a sans aucun doute besoin d’une âme. Et l’âme de la justice est la charité, la charité qui se fait service pour tout l’homme. Être chrétien aujourd’hui requiert de croître dans la conscience d’« être au service d’une rédemption qui concerne toutes les dimensions de l’existence humaine. » (Aux participants au 32éme congrès international « UNIV 99 ?, 30 mars 1999)
« Célébrer l’Eucharistie « en mangeant sa chair et en buvant son sang » signifie accepter la logique de la croix et du service. Cela signifie donc témoigner de sa propre disponibilité à se sacrifier pour les autres, comme il l’a fait lui-même. Notre société a un immense besoin de ce témoignage, les jeunes en ont besoin plus que jamais, eux qui sont souvent tentés par les mirages d’une vie facile et confortable, par la drogue et l’hédonisme, pour se trouver ensuite dans la spirale du désespoir, du non-sens, de la violence. Il est urgent de changer de route en direction du Christ, qui est aussi la direction de la justice, de la solidarité, de l’engagement pour une société et un avenir dignes de l’homme. Chers amis, en rentrant dans vos pays, mettez l’Eucharistie au centre de votre vie personnelle et communautaire : aimez-la, adorez-la, célébrez-la, surtout le dimanche, jour du Seigneur. Vivez l’Eucharistie en témoignant de l’amour de Dieu pour les hommes. » (Clôture des XV Journées Mondiales de la Jeunesse, 20 août 2000)
« Pour que tout cela soit possible, il est nécessaire de mettre à la première place la prière, dialogue intime avec Celui qui vous appelle à être ses disciples. Soyez des garçons et des filles généreux dans vos activités, mais également et dans le même temps, profonds dans la contemplation du mystère de Dieu. Faites de l’Eucharistie le cœur de votre journée. » (Aux jeunes participant au XXXVème congrès universitaire international « UNIV 2002 ?, 25 mars 2002)
La sexualité
« Jeunes gens et jeunes filles, ayez un très grand respect de votre corps et du corps des autres ! Que votre corps soit au service de votre moi profond ! Que vos gestes, vos regards, soient toujours le reflet de votre âme ! Adoration du corps ? Non, jamais ! Mépris du corps ? Pas davantage. Maîtrise du corps ! Oui ! Transfiguration du corps ! Plus encore ! (…) » (Aux jeunes de France, Paris, 1er juin 1980)
« L’Église pose seulement les exigences qui sont étroitement liées à l’amour matrimonial et conjugal vrai, c’est-à-dire responsable. Elle exige ce que requiert la dignité de la personne et l’ordre social fondamental. Je ne nie pas que ce ne soient des exigences. Mais c’est justement en cela que se trouve le point essentiel du problème : à savoir que l’homme se réalise lui-même seulement dans la mesure où il sait s’imposer des exigences à lui-même. Dans le cas contraire, il s’en va “tout triste”, comme nous venons de le lire dans l’évangile. La permissivité morale ne rend pas les hommes heureux. La société de consommation ne rend pas les hommes heureux. Elles ne l’ont jamais fait. » (Dialogue de Jean-Paul II avec les jeunes réunis en parc des princes, Paris (France), 1er juin 1980)
3. L’exigence évangélique
« Le Christ est exigeant avec ses disciples, et l’Église n’hésite pas à vous reproposer, à vous aussi, son Évangile « sans concession ». Ceux qui se placent à l’École du Divin Maître embrassent avec amour sa Croix, qui conduit à la plénitude de la vie et du bonheur. N’est-ce pas précisément la Croix qui guide depuis désormais quinze ans le pèlerinage des jeunes à l’occasion de la Journée mondiale de la Jeunesse ? » (Angelus, 1er avril 2001)
« C’est vrai : Jésus est un ami exigeant, qui indique des objectifs élevés et qui demande que l’on sorte de soi-même pour aller à sa rencontre. « Celui qui perdra sa vie pour moi et pour l’Évangile la sauvera » (Mc 8, 35). Cette proposition peut paraître difficile et, dans certains cas, elle peut aussi faire peur. Mais,– je vous le demande, – vaut-il mieux se résigner à une vie sans idéaux, à une société marquée par des inégalités, des excès de pouvoir et des égoïsmes, ou au contraire chercher généreusement la vérité, le bien, la justice, en travaillant pour un monde qui reflète la beauté de Dieu, même au prix de devoir affronter les épreuves que cela comporte ? » (Visite apostolique en Azerbaidjan et en Bulgarie – Rencontre avec les jeunes, Plovdiv – Cathédrale catholique, 26 mai 2002)
« La véritable force de l’homme se révèle dans la fidélité avec laquelle il est capable de rendre témoignage de la vérité, en résistant aux flatteries et aux menaces, aux incompréhensions et aux chantages, et même à la persécution dure et impitoyable. Voilà la route sur laquelle notre Rédempteur nous appelle à le suivre. Ce n’est que si vous êtes disposés à faire cela, que vous deviendrez ce que Jésus attend de vous, c’est-à-dire « sel de la terre » et « lumière du monde ». » (Dimanche des Rameaux, 24 mars 2002)
« Les paroles de Jésus peuvent sembler étranges. Il est étrange que Jésus exalte ceux que le monde considère en général comme des faibles. Il leur dit : « Heureux êtes-vous qui semblez perdants, car vous êtes les véritables vainqueurs, vous êtes les véritables vainqueurs : le Royaume des Cieux est à vous ! ». Prononcées par lui, qui est « doux et humble de cœur » (Mt 11, 29), ces paroles lancent un défi qui exige une metanoia profonde et constante de l’esprit, une profonde transformation du cœur. Vous jeunes, vous comprendrez le motif pour lequel ce changement de cœur est nécessaire ! Vous êtes en effet conscients qu’il existe une autre voix en vous et autour de vous, une voix contradictoire. C’est une voix qui dit : « Heureux les fiers et les violents, ceux qui prospèrent à n’importe quel prix, qui n’ont pas de scrupules, qui sont sans pitié, malhonnêtes, qui font la guerre au lieu de la paix et persécutent ceux qui représentent un obstacle sur leur chemin ». « Cette voix semble avoir un sens dans un monde dans lequel les violents triomphent souvent et où il semble que les personnes malhonnêtes l’emportent ». « Oui », dit la voix du mal, « ce sont eux qui gagnent. Heureux sont-ils ! ». Jésus offre un message très différent. Non loin d’ici, il appela ses premiers disciples, comme il vous appelle maintenant. Son appel a toujours imposé un choix entre les deux voix en compétition pour conquérir votre coeur, même à présent, ici, sur la colline, le choix entre le bien et le mal, entre la vie et la mort. Quelle voix les jeunes du XXI siècle choisiront-ils de suivre ? » (Messe pour les jeunes sur le Mont des Béatitudes à Korazim, 24 mars 2000)
« Je ne veux pas dire avec cela que la voie de la conversion est facile. Chacun sait combien il est difficile de reconnaître ses propres erreurs. On est en effet prêts à chercher toutes les raisons possibles pour ne pas les admettre. Mais, de la sorte, on ne fait pas l’expérience de la grâce de Dieu, de son amour qui transforme et rend concret ce qui apparemment semble impossible à obtenir. Sans la grâce de Dieu, comment peut-on entrer au plus profond de soi-même et comprendre le besoin de se convertir ? C’est la grâce qui transforme le cœur, en permettant de sentir l’amour du Père proche et concret. N’oubliez pas non plus que personne n’est capable de pardonner les autres, s’il n’a pas d’abord vécu lui-même l’expérience du pardon. La Confession apparaît ainsi la voie maîtresse pour devenir vraiment libres, en éprouvant la compréhension du Christ, le pardon de l’Église et la réconciliation avec nos frères. (…) Je voudrais vous dire avec une grande sincérité que le pardon est la dernière parole prononcée par celui qui aime vraiment. Le pardon est le signe le plus élevé de la capacité d’aimer à la manière de Dieu, qui nous aime et nous pardonne donc constamment. En vue du Jubilé, désormais imminent, occasion propice pour demander le pardon et l’indulgence, j’ai voulu que l’Église la première, en vertu de l’enseignement du Seigneur Jésus, renouvelle ce chemin de conversion éternel qui lui appartient, jusqu’au jour où elle se présentera devant le Seigneur. C’est pourquoi j’ai écrit que, au seuil du troisième millénaire, la communauté ecclésiale doit prendre en charge « avec une conscience plus vive le péché de ses enfants. » (Aux jeunes du diocèse de Rome, 25 mars 1999, Solennité de l’Annonciation)
« Lorsque vous étiez petits, n’aviez- vous pas parfois peur de l’obscurité ? Aujourd’hui, vous n’êtes plus des enfants qui craignent l’obscurité. Vous êtes des adolescents et de jeunes adultes. Toutefois, vous comprenez déjà qu’il existe un autre type d’obscurité dans le monde : l’obscurité du doute et de l’incertitude. Il se peut que vous fassiez l’expérience de la solitude et de l’isolement. Vos angoisses pourraient engendrer des interrogations sur votre avenir ou des remords à propos de vos choix passés. Parfois, le monde lui-même semble enveloppé dans l’obscurité : l’obscurité des enfants qui ont faim et même qui meurent ; l’obscurité des sans-abris qui n’ont ni travail, ni une assistance sanitaire adaptée. L’obscurité de la violence : violence contre les enfants à naître, la violence au sein des familles, la violence des bandes criminelles, la violence des abus sexuels, la violence des stupéfiants qui détruisent le corps, l’esprit et le cœur. Il y a quelque chose de terriblement injuste lorsque de si nombreux jeunes sont abattus par le désespoir au point de vouloir mourir. (…) Toutefois, croyez dans la lumière (cf. Jn 12, 36) ! N’écoutez pas ceux qui vous poussent à mentir, à fuir les responsabilités, à penser tout d’abord à vous-mêmes. N’écoutez pas ceux qui vous disent que la chasteté est démodée. Dans vos cœurs, vous savez que l’amour véritable est un don de Dieu et qu’il respecte son dessein sur l’union de l’homme et de la femme dans le mariage. Ne vous laissez pas égarer par de fausses valeurs et des slogans trompeurs, en particulier à propos de votre liberté. La liberté véritable est un merveilleux don de Dieu et représente une partie précieuse de l’histoire de votre pays. Toutefois, lorsque la liberté est séparée de la vérité, les individus perdent leur orientation morale et le tissu même de la société commence à se défaire. » (Discours du pape Jean-Paul II aux jeunes des États-Unis d’Amérique, Kiel Center (Saint-Louis), 26 janvier 1999)
« Puissiez-vous être ces témoins dont le nouveau siècle a tant besoin ! Il vous faudra, certes, du courage et de l’audace pour aller parfois à contre-courant des propositions séduisantes du monde actuel, et pour vous comporter conformément aux exigences évangéliques de l’amour vrai. Mais vous découvrirez que la vie avec le Christ, la recherche de la Vérité, la pratique des valeurs humaines et morales fondamentales, le respect de soi et des autres, sont les chemins de l’authentique liberté et du véritable bonheur. Pour réaliser l’idéal que vous portez en vous, demandez à des adultes de vous montrer le chemin et de vous aider à avancer ! Dans la période présente de votre existence, vous vous interrogez légitimement sur votre avenir. Vous manifestant sa confiance, Jésus pose sur vous son regard et il vous appelle à faire de votre existence quelque chose de beau, en faisant fructifier les talents qui vous ont été confiés, pour le service de l’Église et de vos frères, ainsi que pour la construction d’une société plus solidaire, plus juste et plus pacifique. » (Aux jeunes du diocèse de Rouen à l’occasion du pèlerinage jubilaire à Rome, 14 avril 2000)
4. Les choix de vie et la formation
« Vous êtes les disciples et les témoins du Christ dans l’université. Que la période universitaire soit donc pour vous tous un temps de grande maturation spirituelle et intellectuelle, qui vous conduise à approfondir votre rapport personnel avec le Christ. Mais si votre foi est simplement liée à des fragments de tradition, de bons sentiments ou de généreuse idéologie religieuse, vous ne serez certes pas en mesure de supporter le choc avec le monde environnant. Cherchez donc à rester ancrés dans votre identité chrétienne et enracinés dans la communion ecclésiale. Nourrissez-vous pour cela d’une prière assidue. Choisissez, quand c’est possible, de bons maîtres universitaires. Ne demeurez pas isolés dans des milieux qui sont souvent difficiles, mais participez activement à la vie des associations, des mouvements et des communautés ecclésiales qui œuvrent dans le domaine universitaire. Approchez-vous des paroisses universitaires et laissez-vous aider par les aumôneries. Il vous faut être des bâtisseurs de l’Église dans l’université, c’est-à-dire une communauté visible qui croit, qui prie, qui rend raison de l’espérance et qui accueille dans la charité toute trace de bien, de vérité et de beauté dans la vie universitaire. Tout ceci, non seulement à l’intérieur du campus universitaire, mais partout où vivent et se retrouvent les étudiants. » (Aux participants au viii forum international des jeunes, Rocca di Papa, 31 mars – 4 avril 2004)
« À vous qui, à travers la vie familiale et professionnelle à laquelle vous vous préparez désormais, serez investis de grandes responsabilités pour le bien de la société civile et ecclésiale, je rappelle que l’homme vaut pour ce qu’il est avant de valoir pour ce qu’il fait ou possède ; que de petits objectifs ne satisferont jamais la soif de bonheur et de plénitude renfermée dans votre cœur ; que la mission confiée par la Providence à chacun de vous ne pourra être accomplie par personne d’autre. Faites du Seigneur Jésus, écouté et suivi comme Maître de vie, le Compagnon de votre chemin ! » (Regina Celi – Solennité de Pentecôte, Rijeka, 8 juin 2003)
« Pour être des bâtisseurs de paix, il faut tout d’abord vivre dans la vérité. Vous, les jeunes, ayez le courage de vous poser des questions sincères sur le sens de la vie ; forgez-vous une rectitude limpide de pensée et d’action, de respect et de dialogue avec les autres. Ayez, en premier lieu, cette relation vraie avec Dieu, qui exige la conversion personnelle et l’ouverture à son mystère. » (Aux participants à la rencontre internationale « UNIV 2003 ?, 14 avril 2003)
« Résistez à la tentation de la médiocrité et du conformisme. Ce n’est qu’ainsi que vous pourrez faire de la vie un don et un service pour l’humanité ; ce n’est qu’ainsi que vous contribuerez à soulager les souffrances de tant de pauvres et de marginalisés toujours présents dans notre monde technologiquement avancé. Laissez pour cela la loi de Dieu vous orienter dans vos études et dans votre activité professionnelle future. (…) » (Aux jeunes participant au XXXVème congrès universitaire international « UNIV 2002 ?, 25 mars 2002)
« Chers amis, vous ressentez qu’aucune réalité terrestre ne peut vous satisfaire pleinement. Vous êtes conscients que l’ouverture au monde n’est pas suffisante pour combler votre soif de vie et que la liberté et la paix ne peuvent venir que d’un Autre, infiniment plus grand et pourtant familièrement proche de vous. Sachez reconnaître que vous n’êtes pas patrons de vous-mêmes et ouvrez-vous à Celui qui vous a créés par amour et veut faire de vous des personnes dignes, libres et belles. Je vous encourage dans cette attitude d’ouverture confiante : apprenez à écouter dans le silence la voix de Dieu, qui parle au plus profond de chacun ; apportez des bases solides et sûres à la construction de l’édifice de votre vie ; n’ayez pas peur de l’engagement et du sacrifice qui exigent aujourd’hui un grand investissement de forces, mais qui sont la garantie du succès de demain. Découvrez la vérité sur vous-mêmes, et de nouveaux horizons ne cesseront de s’ouvrir à vous. » (Visite pastorale au Kazakhstan – Rencontre avec les jeunes dans l’ »Aula Magna » de l’Université Eurasia à Astana, 23 septembre 2001)
« Vos problèmes et vos souffrances de jeunes me sont connus, au moins à un plan général : une certaine instabilité inhérente à votre âge et augmentée par l’accélération des mutations de l’histoire, une certaine défiance à l’égard des certitudes, exacerbée par le savoir appris à l’école et l’ambiance fréquente de critique systématique, l’inquiétude de l’avenir et les difficultés d’insertion professionnelle, l’excitation et la surabondance des désirs dans une société qui fait du plaisir le but de la vie, le sentiment pénible d’impuissance à maitriser les conséquences équivoques ou néfastes du progrès, les tentations de révolte, d’évasion ou de démission. Tout cela, vous le savez, au point d’en être saturés. Je préfère, avec vous, gagner les hauteurs. Je suis persuadé que vous voulez sortir de cette atmosphère débilitante et approfondir ou redécouvrir le sens d’une existence véritablement humaine parce que ouverte à Dieu, en un mot votre vocation d’homme dans le Christ. (…) » (Aux jeunes de France, Paris, 1er juin 1980)
« Si l’Église porte une attention privilégiée aux jeunes, c’est qu’ils sont, à toutes les époques, l’espérance à la fois du monde et de l’Église. Ceci est particulièrement vrai en notre temps, car il vous revient d’être les témoins, et surtout les artisans de la mise en œuvre du Concile dans l’Église. (…) Soyez des témoins de la vérité. Vous la recherchez dans vos études et dans la discipline qu’elles imposent. Puissent-elles contribuer à votre développement intellectuel le plus large possible, vous donner le sens de la complexité du réel non seulement physique mais humain, la capacité et la volonté de ne pas vous arrêter à des positions trop simples. Approfondissez aussi, comme je viens de le dire, votre identité de jeunes intellectuels catholiques. Une des tâches qui vous reviennent, c’est de surmonter, dans la pensée et dans l’action, la dichotomie mise par les divers courants de pensée, anciens aussi bien que contemporains, entre Dieu et l’homme, entre théocentrisme et anthropocentrisme. Plus votre action, comme celle de l’Église, veut se centrer sur l’homme, plus elle doit trouver ouvertement son centre en Dieu, c’est-à-dire s’orienter en Jésus-Christ vers le Père. Ceci, chers amis, fonde la nécessaire docilité au magistère de l’Église. Par cette fidélité à la vérité entière, vous vous mettrez à l’abri des tentations de la pure idéologie et de son agitation, des slogans simplificateurs, des mots d’ordre de la violence qui détruit et ne construit rien. » (Aux étudiants catholiques du JECI-MIEC, 16 janvier 1981)
« Alors, cessez de penser tout bas ou de dire tout haut que la foi chrétienne est bonne seulement pour les enfants et les gens simples. Si elle apparaît encore ainsi, c’est que des adolescents et des adultes ont gravement négligé de faire croître leur foi au rythme de leur développement humain. La foi n’est pas un joli vêtement pour le temps de l’enfance. La foi est un don de Dieu, un courant de lumière et de force qui vient de Lui, et doit éclairer et dynamiser tous les secteurs de la vie, au fur et à mesure qu’elle s’enracine dans les responsabilités. Décidez-vous, décidez vos amis et vos camarades étudiants à prendre les moyens d’une formation religieuse personnelle, digne de ce nom. Profitez des aumôniers et des animateurs mis à votre disposition. Avec eux, entraînez-vous à faire la synthèse entre vos connaissances humaines et votre foi, entre votre culture africaine et la modernité, entre votre rôle de citoyens et votre vocation chrétienne. » (Messe pour les étudiants de Côte d’Ivoire, Yamoussoukro, 11 mai 1980)
« Je me souviens de mon expérience personnelle à l’Université. Du contact quotidien avec les élèves et les professeurs, j’ai appris qu’il faut fournir une formation intégrale, capable de préparer les jeunes à la vie : un enseignement qui les éduque à assumer de façon responsable leur rôle dans la famille et dans la société avec une compétence non seulement professionnelle, mais également humaine et spirituelle. De ces années, qui ont marqué mon existence, j’ai tiré d’utiles enseignements, que j’ai tenté de reproposer dans le traité d’éthique chrétienne « Amour et responsabilité » et dans l’œuvre théâtrale sur le mariage « La boutique de l’orfèvre ». » (Célébration eucharistique pour les étudiants des universités romaines en préparation de Noël, 10 décembre 2002)
« Les découvertes de la science, les possibilités de la technique vous éblouissent, au regard de l’efficacité mystérieuse de la foi. Vous devez affronter ces problèmes. Puissiez-vous découvrir que Dieu est d’un autre ordre que l’observable et le mesurable des sciences, qu’il n’est pas non plus l’inconnaissable que de nombreux philosophes agnostiques tiennent à l’écart : il est à la source de l’être, et il est de l’ordre de l’amour, comme disait Pascal ! Vous êtes invités à approfondir sans cesse vos raisons de croire, et surtout à faire connaissance avec Dieu tel qu’il s’est révélé en Jésus-Christ. C’est l’objet de vos catéchèses, de vos réunions, de vos révisions de vie, de vos lectures, de vos retraites, de votre prière. L’épreuve du doute peut vous conduire à une foi purifiée. Alors vous serez prêts, comme disait l’Apôtre Pierre, « à justifier l’espérance qui est en vous devant ceux qui vous en demandent raison ». » (Pèlerinage en France – Discours du Saint Père aux jeunes, Stade Gerland, Lyon (France), 5 octobre 1986)
« Criez, jeunes étudiants, à travers le témoignage de votre foi ! Ne vous contentez pas d’une vie médiocre, sans élans vers un idéal, visant seulement à atteindre des bénéfices individuels immédiats. Travaillez pour une Université digne de l’homme, qui sache être, aujourd’hui encore, au service de la société de manière critique. » (Messe en préparation de Noël pour les étudiants des Universités romaines, 11 décembre 2001)
5. La Mission
« Chers jeunes, répondez avec générosité à l’appel du Christ qui vous invite à avancer au large et à devenir ses témoins, découvrant la confiance que le Christ met en vous pour inventer un avenir avec lui. Pour pouvoir être accomplie, cette mission que l’Église vous confie demande avant tout que vous cultiviez une authentique vie de prière, nourrie par les sacrements, spécialement par l’Eucharistie et la Réconciliation. » (Aux Guides et Scouts d’Europe réunis pour le sixième jamboree européen, 7 août 2003)
« Les événements tragiques du 11 septembre dernier et du conflit en Terre Sainte ont jeté sur le monde une ombre obscure. Mais Jésus exhorte ses disciples à ne pas avoir peur, et il leur répète : « Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 13-14). Les jeunes chrétiens, qui se rencontreront à Toronto, sont prêts à répondre au Christ : Nous voilà ! Nous sommes là ! Sur ta parole, et sans avoir peur, nous jetterons les filets de l’Évangile (cf. Lc 5, 5). » (Angelus, 21 juillet 2002)
« Je suis impatient de vous rencontrer une fois de plus nombreux. Laissez de côté toute crainte et incertitude : rappelez-vous que vous devez être les « sentinelles du matin », toujours prêtes à annoncer l’événement du jour nouveau, qui est le Christ ressuscité. » (Angelus – Fête du Baptême du Seigneur, 13 janvier 2002)
« Je voudrais renouveler aujourd’hui l’invitation que je vous ai lancé à Tor Vergata : vous êtes et devez être toujours davantage des sentinelles du matin à l’aube du nouveau millénaire. Même si dans cette première partie de siècle, malheureusement marquée par le terrorisme, la peur et la guerre, l’invitation peut apparaître chargée de conséquences, elle demeure valable. Aujourd’hui plus que jamais, pour être des sentinelles du matin du nouveau millénaire, il faut être saints ! (…) A Tor Vergata, je vous disais que vous serez capables d’incendier le monde si vous avez le courage d’être chrétiens jusqu’au bout. Le Christ lui-même, que vous avez rencontré personnellement, vous précède et vous fixe des rendez-vous toujours nouveaux sur les routes de l’histoire. Oui, le Christ vous porte partout où il existe la douleur à calmer, la solidarité à manifester, la joie à célébrer ; dans la fatigue des études et du travail, comme dans la distraction du temps libre ; dans la vie de famille comme dans la trop longue attente d’un avenir qui, souvent, tarde à se réaliser. » (Aux jeunes de l’Action Catholique Italienne, 8 décembre 2001)
« En rentrant chez vous, ne vous dispersez pas. Confirmez et approfondissez votre adhésion à la communauté chrétienne à laquelle vous appartenez. De Rome, de la Ville de Pierre et de Paul, le Pape vous accompagne avec affection et, paraphrasant une expression de sainte Catherine de Sienne, il vous dit : « Si vous êtes ce que vous devez être, vous mettrez le feu au monde entier ! ». » (Clôture des XV Journées Mondiales de la Jeunesse, 20 août 2000)
« Chers amis, à l’aube du troisième millénaire, je vois en vous les « sentinelles du matin » (cf. Is 21, 11-12). Au cours du siècle qui s’achève, des jeunes comme vous étaient appelés, dans d’immenses rassemblements, pour apprendre la haine, et ils étaient envoyés pour se battre les uns contre les autres. Les différents messianismes séculiers, qui ont tenté de se substituer à l’espérance chrétienne, se sont révélés ensuite de véritables enfers. Aujourd’hui, vous êtes venus ici pour affirmer que, dans le nouveau siècle, vous n’accepterez pas d’être des instruments de violence et de destruction ; que vous défendrez la paix, en payant de votre personne si nécessaire. Vous ne vous résignerez pas à un monde où d’autres hommes meurent de faim, restent analphabètes ou manquent de travail. Vous défendrez la vie à tous les instants de son développement ici-bas, vous vous efforcerez de toute votre énergie de rendre cette terre toujours plus habitable pour tous. » (XVème Journée mondiale de la jeunesse – Veillée de prière avec les jeunes, Tor Vergata, 19 août 2000)
« Votre mission est donc d’être « le levain, le sel et la lumière » de l’Évangile dans les secteurs de la recherche scientifique et de la formation professionnelle. Pour ce faire, il faut tout d’abord observer une intense vie spirituelle, nourrie par l’écoute de la Parole de Dieu, par la prière assidue, par la participation à la liturgie de l’Église. À côté du temps consacré aux études et aux activités associatives, il faut toujours conserver la conscience d’être avant tout des contemplateurs du mystère de Dieu. (…) Quant au langage avec lequel annoncer la bonne nouvelle du Seigneur Jésus, il doit s’inspirer de la franchise honnête et douce des vrais témoins de la foi. Il pourra ainsi éviter à la fois le ton de la polémique amère, et les risques d’une sorte de « complexe d’infériorité », qui malheureusement s’insinue parfois dans la conscience de certains catholiques. Je vous exhorte donc à faire vôtre, à travers une adhésion convaincue et profonde, le « projet culturel » de l’Église qui est en Italie, en offrant généreusement l’apport précieux d’une médiation intelligente, fidèle et créative. » (Aux jeunes étudiants de la fédération des universitaires catholiques italiens (FUCI), 26 avril 2002)
« Ici, à votre génération, l’occasion n’est pas donnée de résister jusqu’au sang. Mais vous souffrez de ne pas pouvoir partager votre foi. Dieu est seul juge de la conscience de nos frères qui croient autrement ou qui ne croient pas ; il lui appartient de faire fructifier sa vérité dans les esprits et les cœurs, qui l’accueillent librement, sans contrainte. Nous agirons toujours avec respect, avec patience, avec amour. Mais nous désirons de toutes nos forces que tous connaissent Dieu en plénitude : nous prions pour que ce don de Dieu rencontre leur disponibilité ; et nous devons y travailler, donner un témoignage clair de la foi que nous avons reçue, dans un dialogue attentif aux pierres d’attente, soucieux du langage qui touche et confiants en l’Esprit Saint qui travaille en eux. » (Pèlerinage en France – Discours du Saint Père aux jeunes, Stade Gerland, Lyon (France), 5 octobre 1986)
« Je vous invite tous à prier pour les jeunes qui, à travers le monde, entendent l’appel du Seigneur et pour ceux qui peuvent avoir peur d’y répondre. Qu’ils trouvent autour d’eux des éducateurs pour les guider ! Qu’ils perçoivent la grandeur de leur vocation : aimer le Christ par-dessus tout comme un appel à la liberté et au bonheur ! Priez pour que l’Église vous aide dans votre démarche et opère un juste discernement ! Priez pour que les communautés chrétiennes sachent toujours retransmettre l’appel du Seigneur aux jeunes générations ! » (Message écrit pour la veillée de prière sur les vocations, Paris, 21 août 1997)
6. L’engagement dans la société
« L’attente que l’humanité nourrit au milieu de tant d’injustices et de souffrances est celle d’une nouvelle civilisation à l’enseigne de la liberté et de la paix. Mais, pour une telle entreprise, il faut une nouvelle génération de bâtisseurs qui, animés non par la peur ou par la violence, mais par l’urgence d’un amour authentique, sachent poser une pierre après l’autre pour édifier dans la cité des hommes la cité de Dieu. Chers jeunes, acceptez que je vous confie mon espérance : vous devez être ces bâtisseurs. Vous êtes les hommes et les femmes de demain ; dans vos cœurs et dans vos mains est contenu l’avenir. À vous, Dieu confie la tâche, difficile mais exaltante, de collaborer avec Lui pour édifier la civilisation de l’amour. » (XVIIème journée mondiale de la jeunesse – Veillée avec les jeunes, Toronto – Downsview Park, 27 juillet 2002)
« Souvenez-vous, mes jeunes amis, que vous êtes appelés à être sel de la terre et lumière du monde ! Jésus ne vous demande pas simplement de dire ou de faire quelque chose ; Jésus vous demande d’être sel et lumière ! Et pas seulement pour un jour, mais pour toute une vie. C’est un engagement qu’il vous propose de nouveau chaque matin et dans tous les milieux. Vous devez être sel et lumière avec les membres de votre famille et avec vos amis ; vous devez l’être avec les autres jeunes – orthodoxes, juifs et musulmans – avec lesquels vous entrez chaque jour en contact là où vous étudiez, là où vous travaillez, là où vous vous livrez aux loisirs. De vous aussi dépend l’édification d’une société où toute personne puisse trouver sa place et voir reconnues et acceptées sa dignité et sa liberté. » (Visite apostolique en Azerbaidjan et en Bulgarie – Rencontre avec les jeunes, Plovdiv – Cathédrale catholique, 26 mai 2002)
« Je désire confier l’engagement de la paix en particulier aux jeunes. Je les rencontrerai dimanche prochain, au cours de la Journée qui leur est consacrée. Il est indispensable d’éduquer les nouvelles générations à la paix, qui doit devenir toujours plus un style de vie, fondé – comme l’enseigne le Pape Jean – sur les « quatre piliers » de la vérité, de la justice, de l’amour et de la liberté. Les Journées mondiales de la Jeunesse constituent dans ce sens un merveilleux itinéraire d’éducation à la fraternité, un laboratoire de paix et d’espérance pour l’avenir de l’humanité. » (Angélus – 5ème Dimanche du Carême, 6 avril 2003)
« Le monde dont vous hériterez est un monde qui a désespérément besoin d’un sens renouvelé de la fraternité et de la solidarité humaine. C’est un monde qui a besoin d’être touché et guéri par la beauté et par la richesse de l’amour de Dieu. Le monde actuel a besoin de témoins de cet amour. Il a besoin que vous soyez le sel de la terre et la lumière du monde. (…) Vous êtes jeunes, le Pape est âgé, avoir 82 ou 83 ans de vie, ce n’est pas pareil que 22 ou 23 ans. Mais le Pape fait encore siennes vos attentes et vos espérances. Jeunesse de l’esprit, jeunesse de l’esprit ! Même si j’ai vécu des moments de profondes ténèbres, sous de durs régimes totalitaires, j’ai vu assez de choses pour être convaincu de manière inébranlable qu’aucune difficulté, qu’aucune peur n’est assez grande pour étouffer complètement l’espérance qui jaillit éternellement dans le cœur des jeunes. » (Messe pour la célébration de la XVII Journ&e